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12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 17:16

Une de mes camarades françaises a partagé une vidéo de Topito [1], dans laquelle on fait la peau à des fautes de français, telles que "croive", "je sais pas c’est qui", "faire montrer" et autres, qui se répandent un peu trop.

Un de ses contacts - qui, à l’évidence, s’est senti visé par la chose - s’est drapé dans sa dignité quant à la critique visant l’emploi de "malgré que" dont il défend âprement l’usage, dans sa réponse. En utilisant, entre autres, Voltaire et Montaigne comme arguments principaux d’Autorité et de Vérité, pour expliquer et justifier l’usage "naturel" de "malgré que" par le plus grand nombre voire quasi par tout le monde (euh, cela reste à voir), contre le désaveu et la critique de cet emploi qui ne peuvent obligatoirement être émis que par une petite caste de vilains "puristes".

Par des intellectuels, par élit(ist)es qui, eux, bien entendu, n’auraient pas été frappés par cette évidence. Par des passéistes qui ne comprennent rien à l’évolution du langage : "quand est-ce que pseudo-linguistes laisseront les gens se réapproprier leur langue ?". Les archaïsmes utilisés par Voltaire et Montaigne servant, dans son argumentation, de points de repère rénovateurs ; et ces piliers de la littérature, de référence culturelle automatique et "naturelle" pour ceux qui ont du mal à "causer correc’".

En gros, pour ce monsieur, si les gens utilisent "malgré que", c’est parce que ils "ont des points communs avec Voltaire et Montaigne : ils sont francophones, que je sache... et utiliser "malgré que" n'interdit pas de lire Montaigne ou Voltaire...". Ils "l'utilisent encore naturellement (y compris en France au grand dam des puristes). Et si ça fait mal aux oreilles des puristes, qu'ils s'informent et s'habituent.
".

L’autre argument de ce professeur de français (à ce qu’il dit lui-même) est que " "Malgré que" n'est pas une faute, c'est un archaïsme qui est encore pratiqué très largement en Belgique... ".

Je lui ai répondu une première fois que bon nombre d’"inconditionnels" de cet usage (considéré comme une faute de français) n’avaient pas forcément grand-chose à voir avec Voltaire ou Montaigne. Et qu’"ils ignor(ai)ent, pour la plupart, de qui il s'agit (s’agissait)". Pensant qu’il percevrait le clin d’œil sympa à une démonstration parfaitement tirée par les cheveux, pour ne pas dire intellectuellement malhonnête.

En retour, j’ai eu droit à : "Je vous remercie de considérer les Belges francophones comme des sous-Français qui ne sont pas loin du croive.".

Ah, là, j’en vois certains qui bavent d’ébahissement devant leur écran et d’autres qui "tchoûlent" d’hilarité sur leur clavier :D


Mon premier mouvement fut de rire, moi aussi, devant une conclusion et une interprétation aussi abusives que navrantes.

Mais au fur et à mesure de la rédaction de ma réponse, le rire a cédé la place à une réflexion sur le nivellement par le bas, la bien-pensance, le politiquement correct et autres amalgames, clichés, simplismes, faits dogmes, que l’on nous laisse comme seuls outils (autorisés) de réflexion et de communication.

Aussi, en tant que philosophe, à la suite de ce nouvel exemple, je voudrais savoir ceci : quand certaines personnes qui se moquent d’être suffisamment rigoureuses et/ou honnêtes dans l’établissement d’un raisonnement, arrêteront-elles d’utiliser des alibis, des ressentis, des connotations, des interprétations sans fondements, des simplismes, le victimaire, des clichés, la théorie ad hoc, la rhétorique, des réductions (dont le ad hominem et le ad Hitlerum), croisés subjectivement - et pire -, de manière paradoxale voire schizophrène, dans le déroulement d’une démonstration, pour arriver aux conclusions qu’elles souhaitent obtenir, contre la logique même à laquelle elles prétendent avoir recours ? Et d’utiliser une pseudo-raison pour justifier leur visées personnelles et exorciser leurs complexes existentiels ? Quand ?

Voici :

Hahaha ! Je me doutais que la belgitude qui touche certains de mes compatriotes et concitoyens risquait de pointer le bout de sa vertueuse indignation et de favoriser une interprétation abusive de mes propos ! ;-) J'le savais ! ^^ Même si j’espérais encore passer entre les mailles de ce triste filet.

Vous l’avez compris, je suis Belge ! ^^ :-) Et quoique vous en disiez ou pensiez, je ne considère pas "les Belges francophones comme des sous-Français qui ne sont pas loin du croive.". Il s’agit d’une interprétation qui vous est toute personnelle, mais qui ne figure pas dans mes propos. J’ai juste fait remarquer que "souvent, les inconditionnels du "malgré que" ont à peine une ou deux (petites) longueurs d'avance sur les fidèles du verbe "croiver".". C’est VOUS qui avez décidé d’amalgamer TOUS les Belges – y compris vous-même - à cette catégorie. PAS moi ! ;-) Idem pour ce que vous désignez comme un jugement de valeur, là où il s’agit d’un simple constat.

Cette faute que vous contestez si ardemment était encore de mon temps, désignée en tant que telle dans le cursus des futurs profs de français ... en Belgique ;-) Je suis également prof de français et philosophe (je parle de la formation) ;-)

Je suppose que, en tant que professeur de français, le niveau - chaque année plus désolant, handicapant qu’inacceptable -, des élèves au sortir du fondamental n’a pas pu vous échapper ;-)

Sérieusement, "malgré que" serait utilisé uniquement par les puristes, uniquement par une élite ?! Allez ! :D Ben, dites donc ! ^^ Son usage a pourtant été boudé par les générations précédentes, notamment et aussi par les gens de la classe moyenne. Parce que c’était enseigné ainsi. Donc, le "naturel" auquel vous faites allusion aurait peut-être été de suivre cet élan ;-) Aussi, si "malgré que" revient en force désormais, je doute que cela ait quelque chose à voir avec Voltaire ou avec Montaigne, tout francophones qu’ils soient ^^ – dont je m’empresse de vous préciser que je n’ai jamais dit, noté et même pensé qu’il était interdit de les lire - ; et je doute qu’un nombre certain de ceux qui ont recours au "malgré que" aient consulté ces auteurs de leur plein gré (et donc, avec l’attention requise) comme, plus certainement, tout court (parce que c’est chiant, que ça prend la tête, parce qu’il faut lire, parce que c’est vieux, que ce n’est pas cool, etc.). Sérieusement, dites !?! Cela ressemble à une démonstration et à une théorie ad hoc dont l’on arrange les prémisses et le déroulement pour les faire coïncider avec la conclusion que l’on veut obtenir ;-)

Quant à l’usage courant de "malgré que" par la population française et le fait que cet usage ne soit décrié que par les puristes, je laisserai le soin aux Français de répondre :-)

Et oui, de plus en plus de Belges parlent mal, écrivent mal et connaissent de vraies difficultés à lire c’est-à-dire à comprendre un texte écrit ! Ils disposent d'un vocabulaire toujours plus pauvre, égrené au rythme d'une syntaxe toujours plus fantaisiste, que l'on justifie par le recours au "surréalisme", ou bien au besoin de renouveau, d’adaptation/"adaptabilité", de "créativité", ou encore à la "tolérance" ou au "respect" (mots puissamment galvaudés et servis à toutes les sauces, ces dernières décennies) selon des valeurs "psycho-bobo-new-age", "haré-krishna-etc." ; des "valeurs" qui ont fait et bordé le lit du nivellement par le bas, ce chancre qui a permis à la population - celle que vous dites défendre – de glisser et de s’enliser dans le simplisme, le manichéisme et autres confusions comme amalgames. A cela s’ajoute depuis plus ou moins cinq ans, le fait que tout avis qui aurait l’audace de sortir de ce "rang" - des dogmes ambiants, devenu tout-puissants, absolu(tiste)s, véhiculés par le politiquement correct et par la bien-pensance -, se voit au-to-ma-ti-que-ment taxé d’un superbe point Godwin et jugé tout aussi sys-té-ma-ti-que-ment comme étant facho, nazi, "brun" ; balayant ainsi et même interdisant toute discussion, tout échange, toute nuance, tout recul, tout esprit critique, toute analyse, toute remise en question. La Vérité ne peut être contestée. Aussi, où se trouvent l’"élitisme", la "cast(e)-ratio(n)" ?!?

Et oui, encore : l’instruction, les formations et la culture qui faisaient de la Belgique un pays cité en exemple, envié par bien d’autres, il y a encore une vingtaine d’années, ont tellement été nivelées par la bas, perverties par trop de bien-pensance et de manichéisme que, dorénavant, notre cher pays se trouve être devenu en matière de culture générale, le plus mauvais élève d’Europe et figure, au niveau mondial, parmi les cancres. Au cas où le besoin de recourir à des études nationales comme internationales se ferait sentir, alors qu’il n’y a qu’à tendre l’oreille et à jeter un œil autour de soi pour percevoir et constater la situation, quelques liens sont disponibles plus bas[2].

Aussi, maintenant, je ne ris plus du tout. Oh, bien sûr, je me moque (dans les diverses acceptions du terme) de ces petites fiertés de "clan" ou de "clocher" - cette forme politiquement correcte d’un nationalisme comme d’un complexe, inconscients qui, dès lors, ne se reconnaissent, ni ne s’avouent, et s’enlisent dans une sorte de pathos irréfléchi, instinctif. Mais je ne ris plus quand il s’agit de saccager, de limiter, de réduire, d’appauvrir, comme cela a été fait, insidieusement mais sûrement, l’indispensable boîte à outils que constitue le langage. Et par là, de nuire à la faculté de penser des gens.

J’ajoute ici, ce que j’ai publié il y a quelques jours sur mon mur : "La pensée détermine le langage et le langage détermine la pensée. Sans toujours bien savoir qui, des deux, initie le mouvement (un peu comme dans l'exemple de l'oeuf et de la poule).

Si une pensée est pauvre, le langage le sera aussi ; de même que si une langue s'appauvrit, la pensée suivra le même mouvement. (cfr. les ouvrages de François Châtelet).

En renonçant à la réflexion, au recul, à l'analyse, à l'esprit critique et au fait de penser de manière étayée et construite, on s'engage à "être dit", à "être pensé" par d'autres (et souvent les moins intéressants voire les plus néfastes) dont ne nous sommes plus dès lors que les pathétiques perroquets, les tristes échos. ". Un mélange de loups dévoués et de moutons désignés.

Je rappellerai également que, ces jours-ci, l’on désigne à corps et à cris, que l’on "stigmatise" à qui mieux-mieux, les personnes les moins instruites, les moins "nuancées", comme étant de la chair à élection pour l’extrême droite.

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de mettre en lumière le fait qu’une certaine "gauche" "caviar", électoraliste, clientéliste, "belgitudinienne", démagogue, socle d’une bien-pensance dogmatique, grande productrice de clichés, d’une émocratie aveugle, sourde et irrationnelle, de simplifications extrêmes et autres galvaudages, confusions et amalgames politiquement corrects, a contribué, déjà par le biais du nivellement par le bas (ainsi que par divers autres actes, discours et omissions) à faire le lit de l’extrême droite. En Belgique comme en France.

Ah oui, afin que vous n’interprétiez pas abusivement mes propos, je précise que je ne vous cible pas en notant tout ceci ; je vous prends juste à témoin :-) Mais encore, afin de vous éviter toute tentation, je tiens à préciser également que je ne suis pas de droite (et n’aime d’ailleurs aucun des partis qui fleurissent dans notre beau pays). Mais j’ai du mal à tolérer une "gauche" qui n’est à gauche que dans son discours et qui a grandement favorisé une évasion massive (y compris de celle de "gauchistes" déçus) vers des extrêmes fâcheux, politiques comme religieux, dont une droite de plus en plus à droite.

Aussi, les temps ne sont plus aux petites chamailleries de "fierté nationale", de "clochers", de "clans", de "communautés", d’"obédiences", de "partis" et autres dérisoires "cocoricos" ; l’heure est à la lucidité et à l’analyse, si nous souhaitons ne pas rééditer dans un "live" sanglant et meurtrier, ce que depuis 70 ans, livres, dossiers, reportages, films, témoignages directs et autres auraient du nous permettre de voir venir de loin et d’éviter.

Et pourtant, nous sommes à l’aube de l’un de ces dramatiques et intolérables retours de l’Histoire. Parce que, entre autres, l’éducation, l’instruction, la culture - et leurs abords respectifs par des outils de qualité comme diversifiés – ont, de fait comme à l’évidence, échoué.

© Pascale Ernest – tous droits réservés

[1] https://www.facebook.com/TopitoVideo/videos/1500971403532300/

[2] http://m.levif.be/actualite/belgique/la-belgique-dans-le-top-10-des-pays-les-plus-ignorants-au-monde/article-normal-438873.html?utm_campaign=Echobox&utm_medium=social&utm_source=Facebook

http://www.lesoir.be/917913/article/actualite/enseignement/2015-06-24/93-des-eleves-ont-reussi-leur-ceb

http://www.lalibre.be/debats/opinions/1020-non-au-nivellement-par-le-bas-de-notre-enseignement-superieur-528213733570ea593db97d68

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Published by outrepresse
4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 12:58

Depuis quelques jours, on ne peut plus surfer sur facebook, sans se heurter à la photo du cadavre d’un enfant. Oh, je ne fustige personne. Loin de moi, l’idée de juger ou de condamner. Je constate. Et surtout, je m’interroge.

 

Je ne doute absolument pas que la plupart de celles et ceux qui publient cette photo le font pour sensibiliser l’opinion, pour dénoncer l’indifférence et un système inhumain comme sans âme, pour faire «bouger les choses», pour appeler à l’aide, à la solidarité ; certains, pour exorciser leur impuissance, leur peur, leur désespoir, leur traumatisme ; ou bien, pour hurler leur rage et/ou leur haine, pour culpabiliser ceux qui se disent indifférents ou opposés à toute aide offerte aux migrants. Face à ce qu’ils ne peuvent accepter quant à l’immobilisme de ceux qui nous gouvernent et aux réactions de certains concitoyens.

 

Oui, j’ai bien compris. Mais je ne peux m’empêcher de me poser des questions.

 

Souvenez-vous, il y a maintenant 20 ans (déjà !), de Julie et de Mélissa. Avons-nous eu besoin de voir ce que l’innommable folie de monstres avait fait d’elles pour comprendre toute l’horreur de ce qui leur était arrivé ? Pour nous indigner, pour nous révolter, pour pleurer, pour réclamer des comptes, pour crier «justice» pour les uns, «vengeance» pour les autres ? A l’époque, comme aujourd’hui encore, ce sont les photos de leurs frimousses qui ont inondé nos journaux, nos écrans, occupé les fenêtres des maisons et les vitres des voitures. Hanté notre quotidien, alors. Et nos mémoires, depuis. Les faits et leurs visages ont suffi à nous marquer, à nous mobiliser. A ne pas oublier.

 

Pourquoi, 20 ans plus tard, est-il nécessaire de brandir ad libitum, la photo du cadavre d’un petit bonhomme de 3 ans pour amener les gens à comprendre l’horreur d’une situation, pour susciter une réaction, pour (r)éveiller les consciences, pour mobiliser les gens ? Ad libitum : «jusqu’à ce que je sois pleinement satisfait»?!? Jusqu’à obtenir quoi, au fait ?! Que ceux qui sont ancrés dans une indifférence ou dans une opinion contraire, changent d’optique ?!?!?!?!?!?!?!

 

Cette photo diffusée par des milliers d’internautes modifiera-t-elle la perception, la mentalité et les choix de ceux qui ont d’autres préoccupations, d’«autres chats à fouetter» ? De ceux que la mort d’un enfant ne touche pas. De ceux qui n’en ont rien à foutre de lui et de ses semblables ? De ceux qui sont opposés à l’accueil de nouveaux migrants ? De ceux qui se disent : « yes, un de moins» ?

 

Très franchement, je ne le crois pas ! Du tout ! Ceux que cette photo touchera, ce sont ceux qui sont déjà émus et/ou concernés. Sans cela, par les faits en eux-mêmes. Aussi, j’ai noté : émus et/ou concernés. A dessein. Parce que, parmi ceux qui agissent, sur le moment, dans l’émotion et la contagion du buzz, combien agiront vraiment pour apporter une aide concrète ? Combien participeront à faire changer et à faire bouger les choses ? Combien resteront concernés, attentifs, mobilisés, actifs lorsque le phénomène se tassera, quand surviendra le prochain buzz ?

 

Je m’interroge sur notre nouvelle et actuelle façon de sensibiliser, de titiller l’humain et l’humanité, de véhiculer des idées et de communiquer. Par «le poids de (quelques) mots et le choc des photos» ?!?

 

Est-ce vraiment ce que nous voulons ? Pour aujourd’hui et pour demain ? Pour nous, pour nos enfants ?!?

 

L’humanité peut-elle se forcer, s’imposer ?!? Se forcer, s’imposer ainsi ?!? L’humanité peut-elle se stimuler, s’apprendre ainsi ? S’apprivoiser de cette façon ?!?

 

L’humanité ne peut-elle se vivre, se stimuler, s’apprendre, s’apprivoiser, se défendre, se diffuser et se véhiculer autrement ?!? N’y a-t-il par d’autres façons pour y parvenir ?!?

 

Aussi, un enfant est mort. D’autres sont morts, meurent ou mourront. Victimes de maladie ou d’accident. Victimes de l’indifférence, de la cupidité, de la haine des hommes.

 

Un enfant est mort. Et c’est à chaque fois, un monde qui s’éteint.

 

Aussi, pour Aylan, des fleurs et des pleurs. Enfin, un peu de douceur. Du recueillement et de la pudeur. Et un souvenir vivant.

 

Repose en paix, petit bonhomme, loin de nos cris et de nos fureurs, de nos haines et de nos peurs.

 

Pascale Ernest 

© tous droits réservés

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Published by outrepresse
14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 15:01

A la suite de commentaires émis - à la suite de l’article (cfr. ci-dessous) [1] - ciblant les USA comme seuls « démons » à diaboliser quant aux dérives graves et inhumaines, engendrées par la crise économique mondiale :

 

Sans vouloir me faire la défenderesse de l'Oncle Sam, je souhaiterais rappeler que de tout porter à son encontre, nous dédouane - et nous permet de nous rassurer tout en nous autolouant - de considérer à leur juste valeur les dérives similaires, identiques même, qui font leur chemin dans les pays de l'UE, dont le nôtre. 


Il est bien évident aussi que nos presses relatent fort peu ce qui chez nous, offre ce triste visage et illustre ce constat de déchéance dans la pratique de l'humanité. Il est de même plus facile de dire que le mauvais, c'est celui-d'en-face comme de mettre en lumière la paille qu'il a dans l'oeil et d'occulter celle qui se trouve dans le nôtre.


Pourtant, quelques cas ont transpiré, entre deux écrans de fumée : les piques de fer placées à des endroits stratégiques pour empêcher les sdf de s'asseoir et de s'abriter des intempéries, des jeunes filles en goguette qui tabassent un sdf, les amendes pour les sdf qui cherchent dans les poubelles, l'interdiction faite à l'Armée du Salut de servir de la soupe aux sdf, etc.


Et surtout, de considérer le fait pourtant visible, présent et prégnant, de l'augmentation exponentielle de sdf et de pauvres qu'ils soient allocataires ou travailleurs pauvres ; et qu'un nombre tout aussi croissant de "bonnes gens" de l'UE et de chez nous, pétris de leur médiocres et illusoires grandeur et normalité, affirment et scandent, sans sourciller, que si les pauvres sont pauvres, les allocataires des allocataires et les sdf à la rue, c'est de leur faute et/ouleur choix, et que s'ils en sont là, et même en crèvent, c'est bien fait ! 



De "bonnes gens" de l'UE et de chez nous, gonflés d'autosuffisance, de leur pathétique importance et de vertueuse haine qui semblent ignorer pourtant les nombreux articles et faits qui pointent des faillites, fermetures, licenciements et autres suppressions d'emplois qui, eux, ne se recréent pas par ailleurs ; laissant arbitrairement et injustement toujours plus de personnes sur le carreau et sur ou sous le seuil de la misère. Qui se soulagent en tapant sur ce qui se passe aux States ou ailleurs, histoire de se donner bonne conscience et de peaufiner leur image de "bonnes gens".

Aussi, en nous divisant intra comme extra muros, nous perdons de vue ceux qui ont créé le problème et qui condamnent l'homme à redevenir plus que jamais un loup pour l'homme.

 

 

© Pascale Ernest – tous droits réservés 



[1] «États-Unis : 33 villes interdisent de nourrir les personnes sans-abri à titre personnel » - http://reseauinternational.net/etats-unis-33-villes-interdisent-nourrir-les-personnes-abri-titre-personnel/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=etats-unis-33-villes-interdisent-nourrir-les-personnes-abri-titre-personnel 
 

 

 

 

 

 

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Published by outrepresse
4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 17:40

rédigé et publié le 4 décembre 2012

 

Le 21 décembre, c’est bientôt. Le 21 décembre, le groupe Dexia …

 

Quoi, Dexia ? Encore !!! Pffft ! Et bien, oui, Dexia ! Encore ! Car c’est de notre vie et de notre avenir à tous qu’il s’agit ! Non, non, ma moquette se porte bien, je ne l’ai pas fumée. Et non, je n’en fais pas des tonnes.

 

Il s’agit de faits, bien concrets, bien clairs quoique pas nets du tout, du tout.

 

Donc, le 21 décembre, le groupe Dexia va se prononcer sur la recapitalisation de la banque, notamment pour la Belgique à qui il sera demandé dans un premier temps, de donner 2,9 milliards ! Donc, le 21 décembre, réunion de mendicité bancaire mais aussi, débat pour continuer à trouver comment saigner la population à blanc et mettre le pays sur les genoux et sur la paille.

 

Pour faire simple, comprenez bien ceci :

 

o    En gros, si Dexia ne peut pas payer ses dettes, ce sera aux pouvoirs publics – et donc, à nous ! – de le faire ;


o    Pour commencer, la Belgique doit trouver déjà 2, 9 milliards à donner à Dexia ;


o    « … l'effort pour le fédéral serait de 811 millions pour l'ajustement 2012 et de 3,7 milliards pour le budget 2013. »[1].

 

o    La facture à payer, selon les accords de novembre dernier, s’élève au total, pour la seule Belgique, à 43,7 milliards ;


o   43,7 milliards représentent le montant de la dette annuelle de la Belgique, capital et intérêts ; sinon, 43,7 milliards représentent plus de 3 fois le montant du remboursement de la dette annuelle, à savoir 13,4 milliards [2], qui constitue la plus grosse dépense ; 


o    43,7 milliards  …. « Dans le budget 2012 de l’Etat fédéral, les dépenses s’élèvent à quelque 58 milliards €. ».[3] Dont le remboursement des fameux 13,4 milliards. Ce qui donne, hors ce remboursement, un budget des dépenses fédérales pour 2012, équivalent à 44, 6 milliards d’euros ; ou en gros, ce que Dexia demande comme effort à la Belgique ;


o    La Belgique, entre autres, est censée couvrir les emprunts de Dexia jusqu’en 2031, soit encore 19 ans ! 19 ans d’austérité et de coupes de plus en plus sombres dans les budgets et dans les investissements ;

 

o    Le groupe Dexia en tant qu’entreprise est déjà voué à la faillite ; il est foireux !

 

o    3 sauvetages déjà et rien ne va toujours : Dexia ne fait qu’enregistrer des pertes. La perte prévue par son dirigeant pour 2013, s’élève à 1 milliard ! Toujours d’après son dirigeant, les pertes suivront ainsi au moins jusqu’en 2018 :

 

o    Dexia n’est plus considérée comme une banque systémique par le G20 ;

 

o   Le sauvetage de la banque est ILLEGAL, de même que le chantage exercé par Dexia : la garantie prise en octobre 2011 l’a été sans consulter le Parlement fédéral – pourtant, selon la Constitution, le seul à être compétent d’un point de vue légal en matières budgétaires - ; ni sans consulter la section législative du Conseil d’Etat, « alors que c’est une condition indispensable sous peine de nullité de l’acte. »[4].

 

o    Mettre Dexia en faillite ne représente aucun danger pour la Belgique, ni pour la population ; au contraire, cela les sauvera. Nous n’aurons plus à payer les factures de Dexia. Cela rétablira aussi les Parlementaires dans leurs droits.

 

o    Les perdants seront uniquement les créanciers qui ont bêtement prêté de l’argent à Dexia tout en connaissant pourtant sa situation effroyable. Et encore ! Certains créanciers pourront récupérer leurs billes après liquidation.

 

Ainsi que le conclut le juriste et spécialiste de la dette du Tiers Monde, Renaud Vivien, dans sa carte blanche publiée par Le Soir : « Du fait de ces garanties, le destin de la Belgique est donc lié à celui de Dexia. ». «La solution passe nécessairement par l’annulation de cette garantie. »[5].

 

« Dexia est bien notre problème à tous. Mettons la pression sur les dirigeants politiques pour qu’ils ne soient plus complices de cette spoliation de la population doublée d’une atteinte à la démocratie. La dette contractée par l’État pour sauver les banques est illégitime. » ; qui « … en plus d’être dangereuse économiquement et socialement, elle est illégale » ! « Il faut lancer un audit citoyen de la dette publique afin d’identifier la partie illégitime et l’annuler. »[6].

 

C’est à la population d’arrêter tout cela avant qu’il ne soit trop tard. C’est à nous de dire : « NON ! ». Fermement et pas seulement en s’indignant 30 secondes sur facebook ou au café du coin.

 

Les pétitions existent. Ressortons-les ! Signons-les, à deux mains, à deux pieds, avec les dents, s’il le faut ! [7]

Et ne lâchons pas prise, cette fois ! Il y va vraiment des existences et des moyens d’existence de chacun de nous et de nos enfants, et de l’avenir concret du pays. En somme, suivre Dexia, c’est signer la fin du pays et de bon nombre de nos institutions et de nos concitoyens.

 

On est le 4 décembre. Dans 3 semaines, quelques jours avant Noël, Dexia risque de nous porter un coup fatal.

 

 

Pascale Ernest 

 

 

 




[1]- 2-3-4« Budget 2012: gel des dépenses non indispensables jusque fin 2012 » - http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_budget-2012-le-gouvernement-di-rupo-a-la-recherche-de-800-millions?id=7858153

[5] et 6 « Banquer pour Dexia : « C’est spolier la population et attenter à la démocratie ». », rédigé le 3 décembre 2012 pour Le Soir, par Renaud Vivien (CADTM), « juriste et un militant Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde. ».

http://www.lesoir.be/131461/article/debats/cartes-blanches/2012-12-03/banquer-pour-dexia-%C2%AB-c%E2%80%99est-spolier-population-et-attenter-%C3%A0-d%C3%A9mocratie-%C2%BB

[7] La paille du chômeur, la poutre du banquier ! Pas en notre nom ! - https://www.lapetition.be/en-ligne/La-paille-du-chomeur-la-poutre-du-banquier-Pas-en-notre-nom-12098.html

Non au refinancement du groupe DEXIA Appel à la rupture ! - https://www.lapetition.be/en-ligne/Non-au-refinancement-du-groupe-DEXIA-Appel-a-la-rupture-12084.html

 

 

 

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Published by outrepresse
12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 16:04

rédigé le 12-11-2012

 

Ce mois de novembre 2012 ainsi nommé, en raison de décisions drastiques d'austérité, finira bien par céder le pas à décembre. Ce qui ne signifie pas pour autant que ce qui a amené à désigner ce novembre comme étant noir, va prendre fin, le 30 du mois, à minuit. Les dommages collatéraux de la crise vont continuer, voire même s’intensifier. Une femme s’est suicidée plutôt que d’avoir à dormir dehors. Des sdf mourront cet hiver faute de chaleur et de nourriture. Et parmi les personnes qui ont encore un toit, combien pourront se chauffer, et manger à leur faim, sans tomber dans un état de faiblesse, sans développer de carences ?

 

« Dommages collatéraux », quelle expression froide finalement pour expliquer toutes les misères humaines qu’elle désigne. Des termes qui, par la force magique des mots, semblent pouvoir amoindrir, gommer, expliquer, voire même justifier, l’inacceptable. Que, aujourd’hui, on peut encore « avoir faim et avoir froid ». Et en mourir. Même si, il y a plus de 20 ans, Coluche et ses Enfoirés ont stigmatisé l’opinion en chanson, en actions, pour rappeler cette évidence, pour dénoncer de mauvaises gestions et un « je-m’en-foutisme » économique comme politique face à des vies humaines ravalées à ces œufs « qu’il-faut-bien » casser pour faire une omelette.

 

Des oeufs pour faire une omelette, des unités de rentabilité, plutôt que des êtres humains ... Discours économique, avec l'économie, comme fin qui justifie tous les moyens, comme Absolu, comme Dieu, comme but évolutif final .... Discours commode (mais pour qui au fait ?) qui a fini par nous conditionner ; par conditionner notre perception de la réalité, de nous-mêmes et des autres, en tant qu'humains. Le tout résumé à l’Economie.

 

Et donc, « quand  je pense à toi, je pense à moi » et bien, ça me fait peur, cette perspective de misère que tu me brandis sous le nez ; même si la peur, le rejet et le déni ne me protègeront de rien. Ni de ta misère, ni de mes angoisses, ni de la réalité ambiante, concrète et mortifère. Ni d’une réalité humaine que l'on tend à vouloir repousser vers l’oubli par les paillettes et l’asepsie. La mort, ça n’arrive qu’aux autres. Surtout cette mort-là ... par la misère qui ne doit arriver qu'aux autres ....

 

Alors, si ta misère qui s’étale dans mes journaux, dans ma ville, sur mon seuil me dérange, c’est parce qu’elle est trop proche et trop vraie. Les petits Africains qui meurent de faim, c’est loin, dans un autre pays, un autre monde et un autre temps d’une certaine façon ; ça ne peut m’atteindre, me contaminer. Aussi, je peux regarder leur misère sans en avoir peur, et même en étant ému(e). Mais pas la tienne, chômeur ou allocataire ; et encore moins la tienne, sans-abri.

 

Alors, c’est réconfortant de pouvoir dire que si tu en es arrivé à cela, c’est de ta faute. Parce que si c’est jamais la faute à « pas-de-bol », parce que si c’est la faute de la crise, ou du système, alors, ça peut m’arriver aussi. Et ça, je ne peux pas le voir, je ne peux pas l’entendre. Je ne veux pas le croire. Je préfère me persuader que je suis à l’abri derrière les écrans de fumée qu’on me distille à la télé ; tu sais ceux qu’on agite aux vents de nos frustrations et de nos colères pour détourner notre regard de ces problèmes qui nous effraient. Alors, je préfère nier. Te montrer du doigt ou alors, viser d’autres boucs émissaires. Ça soulage, ça trompe l’angoisse de se tromper de colère. Même si ça ne te créera pas un boulot ; même si ça ne te ramènera pas un dodo au chaud, ni un de quoi manger ni de te soigner.

 

Mais ça ne permettra pas non plus de dire « non ! ». De dire « non ! » aux mensonges comme aux promesses non tenues. A des choix qui ont été faits sans transparence, à l’insu de notre plein gré. Des décisions qui, au final, nous ont tous pris en otage, qui nous concernent tous que ce soit à court ou à long terme. Parce que l'on a spéculé – au propre comme au figuré - sur notre avenir, sur nos vies. Et pas pour notre bien ! Même s’ils disent nous comprendre, nous aimer. Même s’ils sont humains « comme ils di-iii-sent»« Caramels, bonbons et chocolats », qui ne coûtent rien. « Parole, parole, parole ».


Paroles, qui, à bien y regarder - même plus besoin de le faire de près -, ne correspondent pas aux faits, à la réalité. Ne servent ni nos intérêts, ni nos vies, ni nos espoirs.

 

En 2011, le formateur a écrit : 

«     « Dans le cadre de son Programme national de réforme, la Belgique s’est engagée à atteindre un taux d’emploi de 73,2% en 2020. Cet objectif ambitieux nécessite d’augmenter  de plus de 5% le taux d’emploi de 2011 (67,8%), ce qui représente la création de 250.000 emplois supplémentaires à l’horizon 2015 (soit  62.500 emplois chaque année entre 2012 et 2015). ».

«    

Un tout petit extrait d’intention d’une note dont on constate qu’un an et demi plus tard, on est loin, très loin d’être arrivés !

 

Les faits à considérer, en regard de cet exemple, sont : si ces emplois sont à créer, c’est qu’ils manquent, et donc, qu’à ce moment, au moins 250.000 – ¼ de million – de personnes étaient au chômage, non par volonté ou par paresse, mais parce qu’il manquait 250.000 postes à pourvoir !!! Que dire de ce nombre en novembre 2012 ? Que dire de ce nombre en regard du programme de création d’emploi, s’engageant à créer « soit  62.500 emplois chaque année entre 2012 et 2015 » ?

 

Peut-être serait-il temps de rappeler que le travail n’est pas seulement une obligation morale, un Devoir. Mais également un Droit. Inscrit comme tel, déjà dans la Constitution de l’Etat belge. Et je ne parle même pas de la « Déclaration des Droits de l’Homme ». Alors, c’est facile de dire à ceux qui n’ont pas d’emploi, « yaka travailler », quand il n’y a plus assez de postes pour tout le monde ! Parce que, en amont, on n’aura pas favorisé le maintien pas plus que la création d’emplois en suffisance comme nécessaires pour que chacun soit en mesure de gagner décemment sa vie.

 

Et qu’il a été préféré de consacrer d’abord et surtout argent et énergie à sauver des banques. A faire des économies de bouts de chandelle, en ratiocinant sur les budgets sociaux, sur celui de l’enseignement, sur celui de la santé comme de la culture ; de tout ce qui permet aux citoyens et humains que nous sommes de vivre et d’évouler. Au nom d’une économie qui évacue de plus en plus d’entre nous, qui élimine progressivement la classe moyenne, qui marginalise des personnes qui n’ont pas choisi ce mode-là, qui broie des existences humaines. Pour une économie qui ne fonctionne pas pour les gens mais pour quelques-uns et pour elle-même, comme une entité à fois divine et infernale. Au paradis duquel pourtant, le serpent est déjà en train de se mordre la queue ; et à même commencer à s’avaler, à se cannibaliser.

 

Alors que ça me plaise ou non, que ça vous plaise ou non, ce sont des faits ! Qui tissent notre réalité, à tous.

 

Et si parmi nous de plus en plus de nos concitoyens ne peuvent plus gagner leur vie, et bien quoi ? Qu’ils crèvent ? Qu’ils meurent ? On en est arrivés là ? Par peur de perdre, par peur de dire, par peur de …, par peur … ! De dire non !

 

Et déjà : non, aujourd’hui, comme hier, au temps où d’autres l’ont scandé, on n’a plus le droit d’avoir faim ni d’avoir froid !

 

Pascale Ernest (tous droits réservés).

 

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Published by outrepresse
10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 20:05

Voilà, « la jeune Malala Yousufzai, connue pour son combat contre les talibans et pour le droit des femmes à l'éducation, a survécu miraculeusement, mardi 9 octobre, à une tentative d'assassinat perpétrée par les rebelles à la sortie de son école dans le nord-ouest du pays. ».

 

Quelle horreur ! Quelle barbarie immonde ! Quel(le)(s) …………………. !?! :-(

 

J’aurais voulu partager l’article publié par Lemonde, qui relate ces faits. Mais au final, et bien que je trouve cela terriblement important de le faire, je me suis abstenue.

 

D’abord, je n’avais pas envie de lire des propos racistes primaires et autres appels à la haine, voire au meurtre, de tous ceux qui de près ou de loin seraient abusivement amalgamés à ces circonstances. Pas plus que de lire, les discours tenus par une vague bien-pensante et bien-aimante de bobos « caviar » et de bisounours shootés à je ne sais quel hallucinogène rosifiant, qui, au nom de la tolérance et/ou de l’harmonie, risquaient certainement de trouver des explications, des justifications, à cette atrocité. Ou bien de juger que de publier ce genre d’articles est une façon comme une autre d’attiser la haine des « trolls » et des adeptes-de-l’extrême-d’en-face ou plus exactement de l’extrême droite.Tout cela bien sûr au nom de la liberté d’expression, de la démocratie et autres slogans qui de fait permettent de jeter un voile pudique ou intello-narcissique sur des vérités qui dérangent ou arrangent selon les prismes qui sont en jeu.

 

J’avais oublié de citer dans la liste, les irréductibles de la lourdeur facile, primaire et gratuite, persuadés qu’ils sont d’être des génies d’humour au point d’écraser Desproges, Coluche et les Monty Python réunis sous le poids de leurs répliques exceptionnelles … Et qui, si on a le malheur de leur faire remarquer que c’est lourd, affligeant, ou autre, décideront du haut de leur jugement infaillible que « vous n’avez pas d’humour » mais ne se poseront jamais  la question de savoir si eux  ont vraiment l’à-propos et surtout le talent requis. Et si vous leur faites observer qu’ils sont, en plus d’être lourds ou grossiers, insensibles jusqu’à l’indécence, vous risquez d’ouvrir la vanne sur leur sensibilité à eux qui-a-toujours-été-brimée, comme en ce moment d’ailleurs, de même que leur liberté d’expression …

 

Pfffft ! Dodo ! Grosse fatigue ! Au secours ! Help ! …


Pourtant, est-ce si difficile de considérer les faits tels qu’ils sont ? D’y penser avec la gravité qu’il sied ? Avec une émotion juste qui ne frôle pas l’hystérie ? Avec un sens analytique qui ne fait pas simplement la promotion des neurones fabuleux et de la grandeur moralo-tolérante de la sublime personne qui l’effectue en coupant sur 20 pages, les poils de couilles de mouche en 2.754 ?


Et bien, il faut croire que oui !


Pourtant, c’est simple. Une adolescente qui elle défend l’accès à la culture, à la liberté d’expression et à la liberté tout court, a reçu, en pleine tête, une balle qui devait la tuer. Et si elle a survécu à cette tentative d’assassinat, son état est toujours considéré comme étant critique.


Et même si, « Elle avait reçu l'an dernier le premier prix national pour la paix créé par le gouvernement pakistanais et avait fait partie des nominés au prix international des enfants pour la paix de la fondation Kids Rights.».
, force est de constater qu'en 2012, on tire encore sur des enfants ; qu'on tire aussi sur des enfants pour des raisons religieuses comme politiques.


Alors ici, je ne veux que dire que mon dégoût, ma fatigue et ma colère contre tout ce qui empêche un humain de grandir. Aussi, je salue le courage exceptionnel de Malala. Et je forme des vœux infinis pour le rétablissement complet et pour la sécurité présente et à venir de cette enfant, qui par bien des côtés peut en remontrer aux adultes en matière d’engagement, de courage et de détermination.


Pascale Ernest

 

09-10-2012

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Published by outrepresse
6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 16:35

rédigé pour Respectivement.be - juin 2012

(Suite de l’opus I : Cachez-moi cet être que je ne saurais voir !)

Give me vote(s) !

Tomber dans un racisme primaire ne fera pas avancer les choses vers un « meilleur». Mais cela fera le jeu des extrémistes religieux, islamistes et « catholicistes » ; des extrémistes politiques et de leur avant-garde pêchée dans les rangs d’une autre forme de racaille que celle, « bronzée », décriée par beaucoup. Car ce n’est pas la couleur qui donne le ton à une racaille, mais sa mentalité et ses actes ; une mentalité et des actes, bas aussi bien « de plafond » que humainement. Ce n’est pas dans la «Cour des Miracles » – fût-elle « de souche » – d’une société que l’on trouve des personnes dignes et capables de faire avancer les choses sainement.

Alors, évitons de nous laisser séduire par ces requins déguisés en sirènes aux accents de mort, et ne suivons pas aveuglément les loups vers l’abattoir qu’ils nous proposent, cautionnés silencieusement par les «Pantoufles » qui préfèrent laisser faire et laisser dire tant qu’on ne s’attaque pas à leur molleton.

Et méfions-nous comme de la peste des pseudo-victimes, des Caliméros, qui ont le chic pour brandir une cause qu’ils récupèrent dans le seul but de faire parler de leur nombril et de faire fructifier leurs intérêts personnels. Au mieux, ces pseudo-victimes mènent une cause à l’impasse ou à l’usure ; au pire, le plus souvent, comme tous bons prédateurs tactiquement tapis sous une peau d’agneau, ces faux fragiles participent au rassemblement du bétail pour l’étal de leurs intérêts de pouvoir et/ou de finance, ou à celui des meutes extrémistes. Et font en sorte d’être défendus et encensés à coups de raisonnements plus proches des slogans et des clichés qui seront véhiculés avec une emphase drapée d’intellectualisme par les bobos ; défendus et encensés aussi, à coups de « bons sentiments », émaillés de coeurs et de fleurs par les « tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil ». Ou par ceux qui ont quelque chose à récupérer. Comme un électorat par exemple.

Car tomber dans le « bobotulisme »[5] ou le « bisounoursisme » ne fera pas d’avantage avancer le « schmilblick» vers la lumière ou vers une issue positive !  Au contraire, et au pire même, les excès de clichés plus politiquement qu’intellectuellement corrects des uns, et les abus de slogans sucrés des autres amèneront davantage de nos concitoyens parmi les moins patients, les plus sanguins, comme les plus « diabétiques », à se tourner par peur, par rage et, en tout cas, par réaction vers les extrêmes inverses ; ceux là-mêmes que l’angélisme intellectuel et l’angélisme émotionnel prétendent désamorcer. A refuser de faire la véritable part des choses, de poser des limites par peur tout court, par peur « du qu’en dira-t-on » sur FB, dans «mon » cercle « d’amis », dans «ma » commune ou dans les urnes.

A refuser de nommer, de désigner et de contrer les extrêmes quels qu’ils soient, on ouvre grand la porte assortie d’un tapis rouge à ces derniers ET on trace la route parsemée de pétales de roses aux extrêmes de l’autre bord. Oui, à caresser un extrême religieux dans le sens du poil, en vertu du « molletantisme » clientelo-politicien et médiatico-« bobosinoursien» ambiants, on encourage et promeut l’éclosion de crapauds (par opposition aux grenouilles) dans les bénitiers, et l’érection du buste d’un ancien allié d’Hitler [6], de l’idéologie de ce dernier … et de ses troupes … ?!?!

Que l’on arrête de confondre, pour bien comprendre la situation et ne pas participer à des amalgames dommageables, « race» et extrême religieux et/ou politique. Tous les Maghrébins ne sont pas musulmans, et tous les mususlmans ne sont pas islamistes. Et ils nous appellent même à défendre nos propres lois contre la montée d’un extrémisme auquel ils ne participent pas et dont ils ne veulent absolument pas [7].

Il est plus que temps que les hommes et les femmes de bonne volonté restent unis et vigilants face à l’actuelle déferlante d’extrémismes religieux et politiques, de divers bords et obédiences, contre les magouilles et autres prises d’otages économiques, qui menacent d’engloutir les libertés si chèrement acquises par nos aïeux, et si chères à nos vies.

Et de dire « NON » fermement aussi bien aux positions molles et figées dans l’attentisme ou la « coolitude » qu’aux courants politiques et aux courants religieux, extrêmes et extrémistes.

© Pascale Ernest (tous droits réservés)

http://blog.respectivement.be/2012/06/trop-belge-pour-toi-part-ii/

[5] Expression empruntée à Larissa Van Halst.

[6] http://www.lematin.ch/monde/europe/buste-effigie-dun-ancien-allie-dhitler-inaugure/story/18378854

 

[7] cfr. le message de Hamid Bénichou en statut sur la page facebook de Respectivement : https://www.facebook.com/pages/Respectivement/286537644746320

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Published by outrepresse
6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 16:30

rédigé pour Respectivement.be - juin 2012 

Cachez-moi cet être que je ne saurais voir !

Vous connaissez Lila [1] ? Non, évidemment ! Elle est une de mes amies. Un petit minois frais et mignon, surmonté de cheveux courts, ainsi se décrit cette adorable chipie qui pourrait rivaliser en drôlerie et en mimiques avec les meilleurs Tex Avery.  Intelligente, déterminée, elle opère avec professionnalisme et remises en question sérieuses, dans le social où elle a obtenu une reconnaissance pour des compétences affirmées. Cela ne l’empêche pas de stopper de temps à autres de vivre son boulot à du 2000 à l’heure pour guindailler avec les potes. Mojitoooos ! Etcétéros ! Et d’être là pour écouter ou dorloter ceux qu’elle aime.

 Lila est Marocaine. De la 3ème génération. Belgo-Marocaine comme elle tient à le souligner elle-même ; et j’ajouterai à tendance « Belgicaine ».  

Un jour que Lila participait avec d’autres ami(e)s et moi à une manifestation pour le droit des femmes, elle fut la cible d’un marron. D’un marron haineux et vengeur. Et seul, le hasard a permis d’éviter que ce fruit dur comme une pierre ne se plante au milieu de son front. Je n’oublierai jamais ces jeunes ados, aux yeux rageurs, étouffant d’une haine à peine racontable, furieux d’avoir raté leur cible. Suffoquant de fureur parce qu’ils ne pouvaient récidiver maintenant qu’ils avaient été vus par trop de gens prêts à agir pour défendre celle qu’ils nomment leur « sœur » d’origine. Ça donne envie, tiens, de faire partie de leur « famille » !

Ce n’était pas la première fois que Lila était la proie d’un « caillassage ».  Notamment avec des pierres. Par des gamins.

Pensez-vous, une Marocaine qui fume en public, qui porte la jupe au-dessus du genou et un décolleté pourtant raisonnable, qui déambule dans les rues,  les yeux maquillés, la tête nue, les cheveux au vent, c’est digne d’être « caillassé » ! « Caillasser » : jeter des cailloux, des pierres, des objets susceptibles de faire mal, de blesser. Sur une personne jugée indigne d’exister comme elle l’a choisi, en tant qu’elle-même ; indigne d’exister tout court !  Une garce oui, qui s’est vendue aux modèles occidentaux ! Trop Belge pour être tolérable et tolérée !

Un mot de Ludovic [2], au physique et au patronyme de prince berbère, au prénom délibérément européen choisi ainsi par un père résolument laïc qui a fui les ciels bleus de sa terre maghrébine natale où il avait un bon métier, pour vivre libre et donner à ses enfants la possibilité de naître là où ils pourraient choisir leur « philosophie » de vie. Plus laïc que Ferdinand Buisson ou Jules Ferry [3] eux-mêmes, Ludovic a fait de ce pluralisme et de ce droit universel à la liberté de (non)culte, sa vocation. Ses « dieux » sont Marc-Aurèle, Voltaire, Diderot  et autres Albert Einstein.

Par ailleurs, de bonnes gens de la « Tribu des De Souche » [4] ne verraient en Lila ou en Ludovic que des immigrés, des « Rebeu ». Sans se rendre compte qu’ils confondent plein de choses. Les affres de l’économie dont on sait pourtant qu’elles ont été créées par ceux qui dirigent le monde, certains pays et de très grosses entreprises ;  autant de lobbys et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres mais auxquels nos élus et les médias nous soumettent et nous vendent tous comme du bétail.

A propos des « De souche », je vais vous faire rire : j’en ai entendu et lu un bon nombre dont je peux vous jurer que le nom est plus proche d’une racine « gréco-romaine » que d’une origine « gauloise ». Ah, c’est gonflé, tout de même, de les entendre vociférer un vindicatif « Nous les Belges » qu’ils refusent à d’autres immigrés – mais d’une autre origine que la leur – de revendiquer. Arf ! Des ex-immigrés qui entendent faire payer à d’autres le rejet et les humiliations dont ils veulent oublier que cela a fait souffrir injustement leurs grands-parents voire leurs parents ?! Arf ?

Non, finalement, ce n’est pas drôle ! Parce que les « Rebeu » – à l’instar des « chômeurs » et autres catégories de citoyens marginalisés de plus en plus massivement ces dernières années pour des tas de motifs -, deviennent une sorte de « nouveaux Juifs » pour lesquels un nombre croissant de personnes se gêne de moins en moins de réclamer des camps ! Oui, même d’extermination ! Gloups !

Il est encore une fois utile de rappeler que tous les immigrés d’origine dite « arabe » ne sont pas islamistes ; certains ne sont même pas musulmans. Mais tous commencent à être associés, assimilés dans et par la haine et la peur qu’a généré à la base un seul groupe. Un groupe de fanatiques qui feront pleuvoir d’abord les coups et la vengeance sur la tête de leurs « frères » et « sœurs » d’origine, car ils considèrent ces derniers comme étant encore plus dignes de leur colère vengeresse, et même assassine, que nous, les « Infidèles » ! Parce que les « Apostats », voire même dans certains cas, les musulmans modérés sont moins dignes de pardon que les Infidèles.

Bon nombre de ces enfants du Maghreb ont participé à construire ce pays qui est le leur, par la naissance et par le choix. Ils ne méritent pas d’être amalgamés à ceux qui veulent polluer et détruire les libertés auxquelles ils sont attachés autant que nous. Qui veulent aussi sûrement qu’il est possible de l’être, détruire ces frères et ces sœurs qui ont eu selon leur conception haineuse et vengeresse, le mauvais goût de choisir de vivre comme nous et avec nous.

A suivre… Trop Belge pour toi – part. II 

© Pascale Ernest (tous droits réservés)

http://blog.respectivement.be/2012/06/trop-belge-pour-toi-part-i/  

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Published by outrepresse
6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 16:24

rédigé pour Respectivement.be - 29-02-2012

 

 

Cet article fait suite à un autre intitulé « En finira-t-on avec les fanatismes ?! ». J’ai rédigé celui-ci en septembre 2010. Depuis, les choses, loin d’avoir changé, ont gagné en force.

 

Depuis, à ce jour, on ne  compte plus les amalgames entre musulmans modérés et islamistes, entre  immigrés et islamistes, bref, entre tous ceux qui viennent de « là-bas »  et un noyau dur d’extrémistes. Des extrémistes qui, entre menaces à l’égard de notre culture et position abusivement victimaire, font beaucoup parler d’eux là où leurs « compatriotes » aimeraient qu’on les oublie et vivre tranquillement parmi nous sans faire de vagues. Là où on oublie encore et toujours que ces immigrés laïcs et modérés seront les premiers à déguster de la part de leurs "coreligionnaires" extrémistes car ils sont considérés comme« apostats » ; ce qui est encore plus grave aux yeux des islamistes que d’être « infidèles ».

 

Un extrême en appelant un autre, les extrémistes musulmans ont contribué à faire le lit de l’extrême droite et de celle d’une faction, extrémiste elle aussi, de l’Eglise catholique, qui n’attendaient qu’un prétexte pour se réveiller.

 

Tous ces extrémismes se renforcent mutuellement et sont célébrés chacun dans son camp, par les hargneux qui ne se contentent pas de se tromper de colère mais enragent de mettre le feu aux amalgames pour que se créent une plus grande confusion et une expansion d’un chaos, idéologiques comme sociaux, qui se généralisent chaque jour davantage.

 

Mais de manière plus insidieuse, ces extrémismes, plus ou moins banalisés voire excusés au nom d’une psycho-philosophie, de comptoir ou de salon, se voient nourris par des activistes « bobos » ou« bisounours » qui par leur attitude angélique décalée en regard de faits qu’ils minimisent ou dénient, excitent les rancœurs au lieu de les calmer et pavent de leurs « bons sentiments et intentions », l’enfer en cours et à venir.

 

Un enfer en cours, un enfer à venir. Au profit des mêmes encore et toujours. Car derrière tout combat idéologique, toute guerre religieuse, tout conflit identitaire, se cachent invariablement des intérêts bassement matériels. Des intérêts financiers, véritables mobiles du capharnaüm que les cupides ont généré de toutes pièces, à coups d’intox, de sous-entendus pernicieux, de silences entendus mais complices, et autres hoaxes, relayés par les médias.

 

De divisions en conflits, les cupides génèrent une crise financière propre à nourrir leurs intérêts et à redresser leur économie ; la crise financière alimente depuis toujours des crises idéologiques, religieuses, identitaires et des flots de haine, de boue, de sang et de larmes qui en sont le ferment et le prix.  La cupidité de quelques-uns constitue depuis toujours le fond objectif de nos misères, dans lesquelles ces quelques-uns nous plongent au rythme des mêmes alibis commodes à masquer les motifs réels pour lesquels on se dresse les uns contre les autres, en préservant ainsi ceux qui ont réellement semé le trouble et la zizanie.

 

Qu’on réinterroge l’Histoire et tout devient clair : les puissants ont toujours battu monnaie dans les combats meurtriers des masses, ou quand la chair à canon rime avec la chair à pognon. La manipulation des foules n’est pas nouvelle. Il n’y a qu’à revoir le contexte des années 20 et 30, et l’avènement d’Hitler pour prendre pleinement la mesure des faits. Mais quel que soit le degré d’instruction d’une population, tant que les personnes qui la composent se laisseront penser par les peurs et par les éminences grises d’un pouvoir qui rentabilisent leur existence ou leur mort, je crains fort qu’on n’en finisse jamais avec les fanatismes. Au service de la fièvre de l’or qui agit en coulisses. Dans un éternel inconscient collectif.

 

 

© Pascale Ernest - tous droits réservés 

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Published by outrepresse
25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 16:17

 

Zonka-Zonkapa.


 

-  « Zonkapa être si naïfs ! », dit l’homme.

-  « ……………..  ….. …. Euh, vous pouvez répéter ? », répondit-elle.

-  « Zonkapa être si naïfs ! »

-  « Il me semblait bien ! Ça fait maintenant 3 fois que vous me sortez « ça » en guise d’argument ; un « argument » aussi infantile que spécieux ! Et vous dites travailler pour un organisme dont la vocation, entre autres, est de protéger les droits des « Zonkapa-être-si-naïfs » ? Et … ».

-   « Ne vous mêlez pas de ça ! ».

-   « Hein ?! Vous m’avez demandé plusieurs fois, dont une par écrit, de vous faire part d’un max’ de plaintes et de preuves afin de démontrer que l’intermédiaire entre vous et les « Zonkapa-être-si-naïfs » ne faisait pas bien son boulot. J’ai pu vous démontrer qu’en plus de ne pas faire du tout son boulot, c’était un escroc, même si vous continuez à dire qu’il est « juste un peu négligent … ».

-  « C’est un bon public relation … ».

-  « Ne soyez pas insultant pour ceux qui font ce métier ! Votre clampin est génétiquement programmé avec des bas à résilles et de la vaseline au bon endroit ! C’est aussi un menteur patenté à la limite du mytho, avec un ascendant « maquereau » quand il doit quitter le trottoir de ses raccolages faciles. ».

-  « …. Ben, renvoyez-moi un écrit. ».

-  « Ça va aller ? Je vous ai déjà envoyé, à votre demande, tout ce qu’il fallait. Probant, indubitable. Comme entre autres, ces fameux contrats qui de fait correspondaient à des reconnaissances de paiement sans avoir rien reçu. Et que j’ai empêché les autres de signer. Relisez ! Et j’attends vos conclusions ! Et les autres aussi.».

  « Zonka m’écrire ! ».

-  « Pffft ! Pour quoi faire ? Ils sont au courant de la manière dont mes démarches sont reçues au final. Vous croyez que ça va les stimuler à introduire une action auprès de vous ? Ils ont fini par penser que les droits d’un foireux doublé d’un escroc font davantage sens et intérêt à vos yeux que les leurs. Sont p’têt pas si naïfs que ça dans le fond… ».

-  « Ne vous mêlez pas de ça ! ».

-  « Mais vous m’y avez mêlée ! Et je vous avais dit que ça me faisait chier de vous aider mais que bon, par devoir, je le ferai. Mais maintenant, que ça ne vous arrange plus ….».

 -   « Zonkapa être si naïfs ! ».

-   « Encore !!! Dites, vous croyez qu’il est écrit « escroc » en grand, en fluo et en relief, sur le front de ceux qui le sont ? Hein, dites ?!!! Surtout quand ce genre de foireux s’auréole de la réputation de votre boîte et que, vérification faite, il est bien inscrit chez vous ? Vous ne seriez pas un descendant de Ponce Pilate, vous ? Et … ».

-   « Zonka m’écrire. ».

-   « Dites donc, l’absurdité ne vous fait pas peur, à vous ! Car, vous me demandez une action pour, ensuite, m’engueuler de m’y tenir ; vous maintenez en place et rémunérez un escroc dont vous saviez déjà que c’était un foireux et un incapable hors concours, mais vous déboutez des gens honnêtes et compétents qui ont bien fait leur boulot, et chicanez quant il s’agit de les rémunérer ; et une des missions de votre travail consiste à défendre les droits de ces professionnels contre les foireux et les escrocs. Et, à l’évidence comme à bien vous entendre, c’est l’inverse qui se passe et qui prime. Et en surplus, vous vous permettez à l’égard de ceux qui se font escroquer, mépris et condescendance. Ben, vous ne manquez ni d’air ni de culot ! Et n’est pas le manque de cohérence qui vous dérange pas plus que les doubles discours d’ailleurs! Et bè, belle mentalité ! Ce n’est pas très fair play, tout ça, au minimum ; ce n’est vraiment pas très smart, tout ça, pour rester polie … Maintenant, je sais à quoi m’en tenir.».

 

Ceci est le compte-rendu d’une discussion qui s’est opérée récemment entre un professionnel et un autre, au rythme de cette grandiose maxime «Zonka-Zonkapa. ».

 

Voilà ce qui fait sens et règle, voire loi, de nos jours, de manière de plus en plus généralisée et légitimée.

 

 

Veni predator et beati pauperes spirituuuuuuuuuuu [1]


Zonkapa. Zonka … Ce n’est pas la forme féminine du nom d’un magasin de farces et attrapes, cité dans une célèbre saga anglaise. C’est bien plus qu’une mauvaise blague. C’est bien plus vulgaire, bien plus médiocre et surtout, bien plus révoltant et bien plus grave. Car déjà, ce n’est pas une fiction. Même si « Zonka-Zonkapa » fonctionnent désormais comme des formules magiques.

 

« Zonka-Zonkapa » sont les formules fétiches de nouveaux gourous et de leurs adeptes. Fidèles, au minimum, au « je-m’en-foutisme », au « ponce-pilatisme », au déni et à l’impuissance. Une nouvelle forme de Collaboration, une nouvelle liturgie encensée par commodité, par bêtise, … par calcul et intérêts. Par « coolitude » ( ?!?). Mais par cynisme aussi. Un « amen » facile au Dogme nouveau d’une mentalité qui fonctionne comme une religion.

 

Oui, comme un culte sectaire. Selon la croyance que les victimes sont d’emblée coupables. Et qu’en regard de cela, les salopards de tous poils sont automatiquement excusés de commettre saloperies, abus, voire crimes, aux dépens d’autrui. D’autrui qui « zonka », « zonkapa »[2] : être naïfs, être au mauvais endroit au mauvais moment, être honnêtes, être sur la route d’un prédateur, faire de l’ombre, réclamer un peu de justice, avoir des scrupules, avoir une éthique ou une déontologie, ne pas avoir assez de sous ….». En regard de prédateurs qui, ainsi excusés de l’être, voient leurs actions légitimées. Et que certains n’hésitent pas même à cataloguer comme victimes !!! On croit rêver ! Et puis, après tout, les « Zonkapa-être … » « Zonka » faire pareil. « Zonka-être » des salauds.

 

Des siècles de civilisation pour en arriver là …


« Zonka-Zonkapa ». Ou la fin qui justifie les moyens.


Les gourous et les adeptes du « Zonka-Zonkapa », tout imbus de ce qu’ils pensent être la puissance de cet argument, se revendiquent - tout sec, sans davantage de développement -, du « pragmatisme », du « réalisme », pour faire autorité et faire taire toute contestation, même légitime et sensée. En somme, « Zonka-Zonkapa » et hop, la messe est dite.  

 

Une formule bien utile aussi pour se donner bonne conscience. Voire même pour se caresser – oh, oui, oh oui, un peu plus à gauche ! - dans le sens de la science, de la compétence, du talent et de la réflexion que les adeptes de ce culte nouveau n’ont pas forcément. Ou comment se donner de l’importance en trois ou quatre mots dont on ne comprend pas, ou dont on méprise, le sens authentique et profond. Mais dont on use et abuse à la gloire d’un ego de surface. Pour promouvoir comme pour rentabiliser des mérites faibles, litigieux ou inexistants. « Zonka-Zonkapa », et cum spirito tuo [3].


« Zonka-Zonkapa » … Pourtant, quand on était enfant, on était grondés et parfois même punis, à la maison comme à l’école quand on sortait pareil « argument » pour justifier une connerie.


Maintenant, « Zonka-Zonkapa » prend valeur de mantra. De Credo. De Dogme. De « Science ». De Règle. De Loi.


And applause, please ! Ça fait partie d'un jeu de dupes que les gens "zonka" touver fun et cool [4]. Et  pour lequel « Zonkapa » se plaindre et « Zonka » dire que c’est bon ! La vaseline n’est pas fournie. Il faut payer un supplément. Et s’ils sont « pô » contents, « Zonka » invoquer Chuck Norris. P’têt qu’il viendra … Arf !

 

Des millénaires de civilisation pour en arriver à ça. Des siècles de luttes, de souffrance mais également de science et de législation, une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, pour retomber dans la préhistoire de la conscience. Pour en revenir à la loi du « pot de fer contre le pot de terre », à la « Loi de la jungle ».


Avec au final, un système qui se dirige vers une « justice » à plusieurs vitesses, où la raison de celui qui aura le plus de pognon sera la plus forte et la meilleure. Hors tout autre considération que le «cui bono ». [5]

 

Alors, bienvenue à « Nanar Land & Century », où le grotesque, le débile, l’injuste, l’intolérable, le toxique et le nivellement tous azimuts par le bas font, ici et maintenant, recette et loi.


© Pascale Ernest (tous droits réservés).


[1] Beati pauperes spiritu : Bienheureux, les simples d’esprit.


[2] «9/ Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. ».

Extrait de « Les dix stratégies de manipulation de masses », Pressenza Paris, 9/21/10.,


http://www.pressenza.com/npermalink/les-dix-strategies-de-manipulation-de-masses.

On peut également trouver la note élaborée par Sylvain Timsit sur les « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les médias, sur le site  http://www.syti.net

[3] Et cum spirito tuo : et avec ton esprit.

 

[4] « 8/ Encouragerle public à se complaire dans la médiocrité. Encourager le public à trouver «cool» le fait d'être bête, vulgaire et inculte ...".

Extrait de « Les dix stratégies de manipulation de masses », Pressenza Paris, 9/21/10., http://www.pressenza.com/npermalink/les-dix-strategies-de-manipulation-de-masses.

 

On peut également trouver la note élaborée par Sylvain Timsit sur les « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les médias, sur le site  http://www.syti.net

[5] Cui bono : à qui profite le crime ?

Cfr. les articles :

« Payer pour échapper à son procès, blanc-seing pour les riches ? » -

 

http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/741104/payer-pour-echapper-a-son-proces-blanc-seing-pour-les-riches.html

« Les criminels lourds pourront racheter leur procès » -

 

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/1444569/2012/05/26/Les-criminels-lourds-pourront-racheter-leur-proces.dhtml

 

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Published by outrepresse